Figure 1 : Valeurs de Living with Water.
Figure 2 : Comment Living with Water met en oeuvre ses valeurs.
Kees Lokman, de l’équipe « Right to Land » de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), est le chercheur principal de « Living with Water », qui réunit une équipe pluridisciplinaire pour aider les communautés vivant le long de la côte sud de la Colombie-Britannique à se préparer et à s’adapter à l’élévation du niveau de la mer et à l’augmentation des risques d’inondation.
Living with Water promeut une approche de l’adaptation côtière fondée sur les valeurs. Les valeurs sont essentielles à la prise de décision, tant en ce qui concerne la manière dont nous effectuons la recherche que la manière dont les choix d’adaptation sont élaborés et mis en œuvre. L’adaptation consiste intrinsèquement à ajuster les politiques, les réglementations et les pratiques de conception afin d’influencer les résultats qui atténuent les dommages et les impacts négatifs du changement climatique. Cependant, ce qui constitue un dommage ou un impact, et la manière dont ils peuvent être gérés, dépendent fortement de la manière dont les perspectives de ces implications sont encadrées et comprises, ainsi que du contexte sociopolitique et environnemental plus large dans lequel ces impacts se produisent. Les valeurs, les connaissances et les expériences des personnes, des groupes et des communautés concernés – en particulier ceux qui sont marginalisés – deviennent ainsi un marqueur important pour une adaptation côtière réussie. Ainsi, ce qui est considéré comme une adaptation appropriée, efficace et réussie est en grande partie déterminé par ce que les personnes, les groupes, les secteurs et les décideurs jugent digne d’être protégé et/ou amélioré.
Nous reconnaissons que si la science et la politique de l’adaptation ont toujours été guidées par des valeurs, le contenu et l’influence de ces valeurs n’ont pas été explicités. Les paradigmes de recherche modernes ont exclu les savoirs autochtones et locaux, laissant de côté d’importantes possibilités de redéfinir et de co-définir les avantages pour l’ensemble de la société, en particulier en ce qui concerne l’adaptation au climat.
L’équipe a donc passé les six premiers mois du projet à élaborer une déclaration de valeurs interne, qui comprenait des ateliers de décolonisation animés pour discuter des impacts du colonialisme sur le Canada et de ses impacts sur la transformation des territoires et des modes de vie des Salishs de la côte. Ces sessions ont également été l’occasion de mieux se connaître, d’apprendre ensemble et de comprendre nos préjugés et nos points faibles. Ensemble, ces éléments ont constitué une base importante pour définir les valeurs que nous souhaitions intégrer dans la recherche.
Après de nombreuses conversations entre les chercheurs et les membres des communautés avec lesquelles nous collaborons, nous avons identifié trois valeurs principales : 1) la réconciliation ; 2) la multiplicité des modes de connaissance ; et 3) la terre, l’eau et les gens. Chaque valeur comporte plusieurs sous-valeurs, comme le montre la figure 1. En outre, au-delà de la simple énumération de ces valeurs comme étant importantes pour notre recherche, nous avons développé des « actions » pour nous aider à guider la manière dont nous pouvons garantir que ces valeurs sont mises en œuvre. Ces actions comprennent, par exemple Résister à la recherche extractive, encourager les membres de l’équipe à explorer leur position, être conscient des sources/références utilisées, explorer les résultats de la recherche qui sont accessibles et bénéfiques pour les communautés avec lesquelles nous collaborons (voir figure 2).
Nous considérons la déclaration de valeurs comme un document vivant et nous y revenons continuellement dans le cadre de la recherche. Nous collaborons, nous réfléchissons et, le cas échéant, nous mettons à jour la déclaration de valeurs pour l’adapter aux nouvelles connaissances et à l’évolution des perspectives au fur et à mesure que nous apprenons ensemble.
Je pense qu’il est nécessaire et possible de codévelopper et de synthétiser les valeurs de l’équipe chargée de la qualité de l’environnement bâti au Canada. Un tel processus interne sera inestimable pour garantir que tous les sites de recherche fonctionnent sur la base d’un système de valeurs communes. Il s’agira également d’un excellent moyen d’explorer et de discuter des différences, ou de l’alignement potentiel, des valeurs des chercheurs, des villes, des groupes de citoyens et des organismes d’attribution. Veillons à expliciter les valeurs qui guident notre travail.
Pour en apprendre davantage sur le site de recherche mené par l’Université de la Colombie-Britannique à Vancouver, cliquez ici.