Marché aux Puces de Saint Michel – Montréal

« Je ne sais rien de la manière dont le marché aux puces est géré ou administré, mais il semble être organisé d’une manière qui résiste à la hiérarchie. Certes, les antiquités du deuxième étage sont un peu plus raffinées et les livres qui s’y trouvent sont plus faciles à collectionner, mais l’espace du marché dans son ensemble semble être celui d’une démocratie inclusive et chaotique.  Des espaces miteux débordant d’objets de pacotille non catalogués côtoient des étalages de porcelaine fine ou de montres anciennes exposés dans des vitrines couvertes de verre et entretenus avec amour.

 

Aucune autre partie de l’environnement bâti de Montréal ne me semble mieux refléter le caractère inépuisable de la ville.  Il n’existe pas de meilleur musée des vieilles technologies, de la décoration domestique, des outils de travail, de la culture populaire locale et transnationale.  Peu d’autres lieux servent aussi efficacement de dépositaires de sentiments. Ceux-ci sont préservés et mis en vente sur des cartes postales, dans des lettres personnelles, dans les signes d’utilisation antérieure sur la vaisselle ou les meubles, sous forme de dédicaces dans les livres et dans tous ces objets, comme les enregistrements en vinyle de la vieille musique pop québécoise, auxquels la mémoire s’est attachée.

 

La disposition physique du marché aux puces de Saint-Michel est telle qu’il donne toujours l’impression d’être un territoire labyrinthique, légèrement désorientant.  Dans un espace avec autant de coins, de passages étroits et de ruelles, les interactions avec les autres sont inévitables.  Je ne connais aucun autre espace urbain dans lequel les conversations semblent aussi constantes et animées, ou dans lequel elles éclatent aussi rapidement entre des personnes qui ne se connaissent pas.  Et comme il n’y a pas de point d’observation clair du marché dans son ensemble, le marché aux puces de Saint-Michel est aussi l’un des endroits les moins surveillés et les moins policés de Montréal.

 

Culture matérielle et expressive du Québec: Bien que je m’intéresse aujourd’hui principalement à la nuit, le marché aux puces est un espace diurne, le lieu de rencontre de ce qu’Hervé Sciardet appelait « les marchands de l’aube » et je me demande où l’on peut trouver dans le monde des marchés aux puces nocturnes. (Hervé Sciardet, Les marchands de l’aube. Ethnographie et théorie du commerce aux puces de Saint-Ouen, Economica, Paris, 2002, 218 p.) » (Livret Expériences Vécues Positives de la Qualité dans l’Environnement Bâti 2023, p.101).

 

Lien Google map: https://www.google.com/maps/place/Saint+Michel+Flea+Market/@45.5625145,-73.6073017,17z/data=!3m1!4b1!4m6!3m5!1s0x4cc91ecc428f7ba9:0xce9240e7959b5d25!8m2!3d45.5625108!4d-73.6047268!16s%2Fg%2F11b5wffbyg?entry=ttu&g_ep=EgoyMDI0MDkxOC4xIKXMDSoASAFQAw%3D%3D

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