Dans la foulée des trois dernières années, le Partenariat national pour la qualité, financé par le CRSH, a organisé la convention nationale sur la qualité Toronto 2025, qui s’est tenu du 30 avril au 2 mai 2025. L’un des principaux objectifs de la convention était de réfléchir à une question clé : Quels aspects des feuilles de route existantes pourraient faire partie d’une stratégie nationale en matière de qualité ? Dans le cadre de ce processus d’élaboration d’une stratégie nationale en matière de qualité, la convention de Toronto a proposé deux séries de tables rondes (les 30 avril et 1er mai) ainsi que plusieurs séances plénières afin d’examiner ensemble une première série de mesures sur la qualité. Un autre objectif central était de partager les connaissances entre les différentes parties prenantes sur les initiatives internationales visant à intégrer et à améliorer la qualité dans l’environnement bâti, et de dresser un état des lieux de la situation actuelle au Canada. Dans ce contexte, l’expert international Oliver Martin a participé activement aux deux séries de tables rondes et a fait une présentation lors de la première séance plénière de la deuxième journée, intitulée « Mettre en œuvre une stratégie pour la qualité en Europe », dans laquelle il a présenté son point de vue sur la qualité dans l’environnement bâti dans le contexte européen.
Oliver Martin est président de la Davos Baukultur Alliance, lancée en 2023, et titulaire d’une maîtrise et d’un doctorat en architecture de l’École polytechnique fédérale de Zurich. En 2012, il a rejoint le comité exécutif de l’Office fédéral suisse de la culture en tant que chef de la section Baukultur. Parallèlement à cette fonction, il a été membre de la délégation suisse au Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO de 2010 à 2013 et a siégé au conseil de l’ICCROM de 2013 à 2021, dont quatre ans en tant que président. Martin est l’un des principaux auteurs et défenseurs du concept de Baukultur et de la Déclaration de Davos, adoptée par les ministres européens de la Culture en 2018, qui est depuis devenue une référence pour les politiques de construction et d’urbanisme en Europe et au-delà.
Dans sa présentation captivante sur l’évolution de l’approche européenne en matière d’architecture et d’urbanisme à travers le prisme de la Baukultur, Oliver Martin a présenté les initiatives prises en Suisse et dans toute l’Europe, ainsi que les motivations qui les sous-tendent. Il a commencé par présenter la Baukultur et a déclaré que ce terme allemand désigne une approche holistique et multidisciplinaire de l’aménagement de l’environnement bâti qui tient compte non seulement de la manière dont nous construisons, de l’emplacement et de la nature des constructions, mais aussi de ce que nous choisissons de ne pas construire. Abordant l’état actuel de l’environnement bâti en Europe, M. Martin a constaté que la qualité faisait défaut, même dans les communes riches. Tout en soulignant la Déclaration de Davos de 2018, il a ajouté que le manque de qualité était largement dû aux pressions économiques et au développement rapide. La Déclaration de Davos de 2018 a souligné que la culture devait être au cœur de l’aménagement de l’environnement bâti, en mettant fortement l’accent sur la satisfaction des besoins humains, y compris le bien-être émotionnel et psychologique. Il a ensuite présenté le système de qualité Davos Baukultur (DBQS), un cadre composé de huit critères pondérés de manière égale : gouvernance, fonctionnalité, environnement, économie, sentiment d’appartenance, diversité, contexte et beauté. Ce DBQS n’est pas un manuel, mais plutôt un langage commun pour évaluer la qualité d’un bâtiment ou d’un paysage urbain.
Dans la dernière partie, Oliver Martin a expliqué comment la Suisse a adopté les principes de la Baukultur dans le cadre d’une stratégie fédérale en 2020, impliquant 15 agences gouvernementales. Ce plan d’action fédéral comprenait 41 mesures, allant d’initiatives de recherche à des campagnes de sensibilisation du public. En conséquence, l’Alliance Baukultur a été lancée en 2023, réunissant plus de 90 partenaires, dont le Forum économique mondial. Tout en réfléchissant aux prochaines étapes, il a mis en avant certains « lieux pionniers » tels que Genève et Kuala Lumpur, qui se sont engagés à adopter une planification et un développement axés sur la qualité, et a mentionné Montréal comme un participant potentiel à l’avenir. Oliver Martin a souligné que ce mouvement vise en fin de compte à créer des environnements inclusifs, résilients et significatifs, où la joie et la richesse culturelle sont des éléments essentiels.
Cette session plénière, animée par le professeur Jean-Pierre Chupin, a offert un aperçu précieux des pratiques mises en œuvre à travers le monde et a contribué à définir une vision pour le partage des pratiques en matière d’urbanisme et de développement axés sur la qualité au Canada.
*À noter, la vidéo ci-bas est en anglais seulement, des sous-titres auto-générés en français sont disponibles.
